Le kilomètre nécessaire de Madame Bipède : trypophobe, s'abstenir
Ma fille m'a appris un nouveau mot aujourd'hui, alors que je lui montrait mon pêle-mêle du jour. En fait, elle l'a regardé en un éclair, avant de s'en détourner avec une grimace.
"Maman, je ne suis pas trypophobe, mais là, ton truc, ça me dérange quand même ! Je suis mal à l'aise..."
Tripophobe ? me suis-je dit. Je le suis certainement, vu mon peu d'appétence pour les organes digestifs des herbivores, ainsi que leurs abats. Dans cette dernière catégorie, je préfère nettement ingurgiter du Mamma mia que des andouillettes à la chaîne.
"Tu es à côté de la plaque, m'a-t-elle interrompue dans mes ruminations gastronomiques. Trypophobe avec un Y ! Tu sais, c'est les gens qui ont peur des petits trous"
Et de me sortir du tréfonds du net des photos charmantes de petits trous, sur tous supports, y compris humain. Diantre, me suis écriée (oui, nous avons un vocabulaire extrêmement évolué à la maison), tu m'ouvres des perspectives intéressantes ! Comment réagit un trypophobe devant une galette de sarrazin ou un blinis en train de se faire buller dans la poêle ? Ou devant un lé de dentelle dûment perforé ?
D'où mon message d'alerte en titre. Histoire de ne pas avoir de crise d'angoisse sur la conscience. Ou de destruction de matériel informatique sous le coup d'un geste malheureux d'évitement. Un peu comme moi ce matin, qui ait cassé trois verres d'un coup en m'apercevant qu'une belle araignée crapahutait joyeusement sur mon avant-bras, après avoir tripatouillé la terre de mes plantes carnivores. Reflexe qui me permettra de renouveler sans vergogne le service de mémé. Je vous rassure, j'ai bien évidemment rattrapé l'arachnide pour le remettre dans son milieu naturel. A distance toutefois de la dionée et de la sarracénie, pour limiter la concurrence déloyale.
Tout ça pour rendre hommage à ces matériaux au repos forcé dans la rue d'à côté, complaisamment offerts à mon regard inquisiteur. Un peu de BTP Art ne fait de mal à personne...
Photo: Medceline