La Saint Bidule, tu sais...
Hier, je me suis levée avec la ferme intention de faire une déclaration d'amour. Normal, que je me suis dit. Pourquoi ta nouvelle situation devrait-elle t'exonérer de poser un regard neuf et candide sur le sujet ?
Restait à trouver à qui ou à quoi je pourrais exprimer le fatras d'émotions contraires qui ne manquait pas de m'animer en ce jour faste. Il faut dire que des Saint Machin, j'en ai vu passer quelques-unes par la fenêtre ouverte de mon coeur. Parfois, même que ça faisait un courant d'air qui me déposait un délicieux frisson dans les coins. Enfin, au début. Parce que plus tard, le gars de l'isolation thermique extérieure étant passé, j'étais si bien calfeutrée que je ne sentais plus rien.
Du coup, la journée s'est avancée à pas de géant, et le soir m'a vue errer chez le boulanger, puis chez le traiteur, à admirer une demi langouste macédoine à 25 euros et un magnifique gâteau en forme de coeur constellé de jolies framboises un peu hors saison. Et toujours aucune déclaration en vue. Je suis donc rentrée chez moi, ma petite baguette à 1 euros 30 sous le bras, en passant devant chez la fleuriste qui tendait ses bouquets de roses aux amoureux de passage et pas sages.
On ne dirait pas comme ça, mais l'inspiration était en marche. J'ai mis langouste/framboises/gâteau/coeur/St Valentin dans mon shaker, j'en ai sorti un texte que j'ai mis tel quel dans Stable Diffusion (oui, vous allez en manger, de l'IA, c'est bien parti...), d'abord en français, puis dans la langue de Shakespeare. La langue de Molière, ça le laisse de marbre.
Voici le texte, de haute volée littéraire et symbolique ainsi que vous pourrez le constater :
Eh, toi, là-bas ! Tu cherches l’Amour, le vrai, celui qui fait fondre les âmes en petits tas fumants ?
Je l’ai croisé pas plus tard que tout à l’heure, dis.
Il bavait au comptoir de la fleuriste, en lorgnant sur la langouste d’à côté.
Tu sais, celle qui enfile sa robe de framboises à paillettes les soirs de St Valentin.
On dirait une collection de petits coeurs saignants arrachés à ses amants.
Ils palpitent si forts qu’ils s’échappent toujours quand tu veux les saisir.
Ne t’étonnes pas de tomber, quand tu glisses sur ce tapis d’amours déchus.
Allez, pleure pas, tu en verras d’autres, des saints Machin, des fêtes d’amour avec un petit a.
Avec un peu de chance, tu réussiras même à en attraper un.
Un petit coeur.
Et à le garder.
Bien au chaud.
Rien que pour toi.
Et roulement de tambour... Voilà ce que la machine infernale m'a sorti.
Je ne sais pas en définitive si j'ai honoré la promesse que je m'étais faite le matin. En tout cas, j'ai passé un excellent moment en compagnie de moi-même. Si c'est pas de l'amour, ça... De l'amour hache, même, si on se réfère à l'histoire du St 14/02 (enfin, un d'entre eux, un persécuté chrétien raccourci du bulbe d'une façon sauvage). Et en creusant un peu plus dans les origines de cette célébration annuelle, on tombe même sur les Lupercales, une tradition religieuse païenne où les hommes parcouraient la ville et fouettaient les femmes sur le ventre avec des lanières de cuir pour les rendre fertiles... Et aussi sur les carnavals amoureux du Moyen-âge, qui avaient lieu en février, et où des hommes déguisés en ours (symbole de force sexuelle) coursaient les femme pour les violer dans leur antre en toute impunité. Et puis après, comme d'habitude, les Américains ont débarqué avec leurs fleurs et tout plein de gentils cadeaux pour mignonnifier tout ça. La source, c'est ici.
Les filles, on revient de loin... On en recause le 8 mars avec d'autres images bien flippantes ?