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Med'Celine

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15 mars 2024

Belle's ode

Viens ma belle, ma lumineuse

Allons frotter nos envies à la sueur du monde

Il est temps de dépoussiérer nos vies

Et de tisser de nouveaux sentiers

 

Soulevons le  gris tapis de la nuit

Pour en déborder nos rêves

Et tirons la langue à tous ceux

Qui blâment l'insomnie

 

Soyons ivres, ma tendre merveille,

Respirons les langueurs de l'azur

Et d'un rire de folie douce

Recouvrons nos vieilles colères

 

De ce monde qui dégringole

De ces pierres en presque ruines

Faisons une terre d'aventure

Pour sublimer nos larmes amères

 

Vois-tu, ma précieuse, mon héroïne,

je ne suis qu'un saltimbanque

Un pauvre troubadour

Le souverain du presque rien

 

Le ciel immense est ma maison

La mer houleuse mon vaisseau

Et les montagnes mon horizon

Je te donne tout sans condition

 

Tu brilleras, ma jolie musicienne,

Et tes mots danseront la joie

Ton doux parfum cascadera tout bas

Et je taillerai en diamant ses lumières

 

Pour toi, mon étoile, ma fabuleuse

Je risquerais mon au-delà

Je plumerais même la Lune

Pour t'en faire un manteau d'écume

 

Tant pis si tu m'es aveugle

Et que ton esprit voyage au loin

Je te regarde marcher sur l'aube

Et d'un geste léger, répudier la nuit

 

Je t'aime, ma folie, mon adorable,

J'attendrai toute une éternité 

Que me caresse ton souffle divin

Et que tes yeux croisent enfin les miens.

 

 

 

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15 mars 2024

La chambre

La chambre est un lieu interlope, où se côtoient maints vendeurs de sommeil

La file d'attente est longue, le repos est une drogue aux vertus sans pareilles

Postuler au casting légendaire du dormeur, même éveillé, attire les foules. 

Chacun chacune n'a qu'une envie : de la nuit vite enfiler la cagoule.

 

Venir se pré-lasser, fermer les yeux et doucement se couler dans l'intrigue,

Mollement sous la couette s'enfoncer avant le délicieux assaut de la fatigue.

Las... L'insolent scénariste est de façon notoire un incurable vicelard,

Qui de son chimérique storyboard, exhibe sans décence les pires cauchemars !

 

De répugnants satyres mènent en riant des chèvres à propulsion quantique,

Tandis que trois neurones en berne rament en cadence contre le courant anarchique

Ils s'escriment, se tortillent, s'échinent et se bousculent.

Mais rien n'y fait, car sans cesse vers lui les aspire le crépuscule.

 

Heureusement, une solution s'esquisse en douceur et s'immisce en songe

Un sauveur surgit en majesté, drapé dans son peignoir en tissu-éponge,

Armé de son trident à bretelles et d'une ardeur plutôt contrariante,

Il entame avec une évangélique ferveur de son piédestal la descente.

 

Il virevolte et entortille d'un geste tournoyant les terribles appendices

Qui, plein d'audace, escaladaient les plus beaux rêves jusqu'à mi-cuisse.

Et tandis que faunes et cabris dégringolent pêle-mêle en débâcle,

Il jette en pâture un selfie céleste à ceux qui plus tard nommeront cela « miracle ».

 

Dommage... Onc ne saura jamais la destination des caprins supraluminiques

Peut-être soupiraient-ils après une planète de vieilles mais expertes biques

Qui de leurs bergers chèvre-pieds auraient pu scientifiquement se divertir

Mais il est plus que temps de ce si profond sommeil revenir

 

Et de laisser l'aube déclore les paupières et ranimer les muscles assoupis

Exilant ainsi les derniers lambeaux d'étranges mondes en charpie

Aux confins de la pensée consciente, lisière bien fragile mais efficace

Contre un somnambulisme certes, enthousiaste, mais aux dangers cocasses.

 

NB: je le republie, il avait disparu... L'interface de Canalblog a tellement changé que je me perds...

 

 

 

 

 

5 mars 2024

Au jardin

 

Je me tiens devant toi,

Je te scrute, tu me jauges

On ne se connaît pas

Je vois qu’tu t’interroges

 

Toi le rectangle brun

Palais des vers de terre

Je te vois déjà plein

De beaux haricots verts

 

Pas question, me dis-tu

Ce serait trop facile

D’en mettre plein la vue

Aux gens du centre-ville !

 

Assez de bla bla bla

Voici mes adventices

Elles sont à mon service

Et vont te mettre à plat

 

Je vais te prendre au mot

Et te rendre vite imberbe

Avec pioche et râteau

Exit les mauvaises herbes !

 

Sur ce, mon dos s’insurge

Réveille mon lumbago

Mais il est mauvais juge

Son complot tombe à l’eau

 

Ma volonté d’airain

N’a aucune faiblesse

Ce petit tour de rein

Me transforme en tigresse

 

Sarclée et ratissée

Terra incognita

Devient un potager

Et germe pas à pas

 

Les radis sont en fête

Les fèves au garde à vous

Devant les grandes blettes

Je me mets à genoux

 

Alors petit jardin,

Range donc ta colère

Et permets-moi au moins

De te mettre en lumière

 

Du petit matin blême

à l’heure où Lune est pleine

De ton écosystème

Je deviendrai la reine

 

Un peu de vigilance

Pour chasser les intrus

Escargots et limaces

Seront sans doute exclus

 

Un rondin, une vieille porte

Feront un bel abri

Insectes et cloportes

Y auront la belle vie

 

Je prendrai soin de toi

Jardinet, ma beauté

Veux-tu être mon roi

Tout au long de l’année ?

28 janvier 2024

Allez, encore une pour la route !

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Voilà.

Je sens que je vais y arriver.

A force de ralentir, je vais réussir à l'atteindre, mon rythme de croisière.

Un message annuel... Pas plus, pas moins.

Je tente depuis peu une expérience, celle de la scène ouverte. 

Je rencontre mensuellement d'autres amoureux des mots, poètes en herbe ou slameurs confirmés.

J'en ressors enveloppée d'émotions, saupoudrée de phrases magnifiques, reboostée du neurone.

Je m'essaie à l'éloquence, à poser ma voix sur mes textes et j'observe.

Je croise des regards, je vois s'esquisser des sourires quand mes mots rigolent, ou des larmes quand j'ai touché un point sensible.

Ce sont de sacrés cadeaux, surtout quand à la fin de la séance, une dame m'aborde pour me remercier d'avoir posé des mots sur ses maux.

C'est un ouragan de partage, une valse des idées, un tourbillon de plaisir.

Les poèmes des autres m'emportent si loin, si près...

Et ceux qui en ont le talent prosent en musique et en chansons, en interprétant leurs créations ou celles des autres.

Des mots parfois cruellement teintés de la noirceur du temps.

Ou tout simplement légers comme des plumes caressant les nuages.

J'ai trouvé une autre famille, un espace où la bienveillance réchauffe les coeurs l'espace de quelques trop courtes heures.

Il n'y a pas d'autre consigne que de profiter du moment.

Et je suis bien dans ce sas essentiel. 

Tout ce que je vous souhaite pour cette nouvelle année, c'est que vous puissiez vous aussi découvrir des espaces de joie et de partage, des bulles de présent pour pétiller vos vies et des petis bonheurs glanés au fil de vos promenades.

Je vous bise.

 

12 mars 2023

Chic, bientôt Pâques.

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Dans moins d'un mois, ce sera Pâques et les souvenirs encore frais de toutes ces sorties familiales chocolatées dans le jardin, dans l'air frais des matins d'avril, frileusement serrés dans nos robes de chambre prestement enfilées. Des sauts du lit plus ou moins bien négociés année après année, l'impatience joyeuse des enfants avec leurs paniers encore vides accrochés aux bras, et nos baillements pleins d'une motivation encore relative. Nos fous rires quand ma fille se retournait vers nous, la bouche pleine à craquer et des joues façon hamster, avec ce sourire béat qu'ont tous les gourmands trop pressés de goûter leur récolte. Son grand frère bien peu attentionné, qui malgré sa sagesse d'aîné, fonçait droit sur les cachettes bien connues, pour remplir sa besace plus vite qu'elle, la petiote, qui ramait avec ses petites jambes derrière ce grand dadais si pressé d'en découdre. L'enjeu était de taille: qui aurait le plus gros lapin en chocolat ? Le plus de petits sachets remplis de délicieux pralinés ? Ambiance warrior assurée !

Une année, j'avais voulu renouveler un peu le concept, et j'avais passé des heures dans mon supermarché favori, à écumer les rayons les uns après les autres, en cherchant tous les objets en forme d'oeuf, ou ce qui s'en rapprochait le plus côté thème. J'en étais ressortie avec un assemblage hétéroclite de savons, fromage vegan, saucisses apéritif, boules désodorisantes, livre de recettes avec des oeufs, etc... Je crois bien que c'est la chasse aux oeufs qui a eu le plus de succès, fous rires à l'appui, avec ceux qui déçus de leur trouvaille, essayaient de l'échanger avec quelqu'un d'autre.

Cette année, mes enfants ont bien grandi, je n'ai plus de jardin, mais j'ai des tiroirs, des placards, et tout un tas de recoins exploitables pour la faire envers et malgré tout, cette chasse aux oeufs lagomorphés. J'en prends la ferme résolution. Pas question de laisser au passé le monopole des bons souvenirs ! Ou alors, j'irai squatter un coin de verdure, n'importe où. Un jardin public, une forêt, un champ, une berge ligérienne, un carré de pelouse artificielle sur un petit balcon, un rebord de fenêtre avec son pot de jacinthes. Il y a une idée à creuser - pour cela, mon petit lapin sera plus efficace que moi, d'ailleurs. On sera donc au moins deux à se marrer.

Rendez-vous à Pâques, donc.

Photo: Medceline's AI via Stable Diffusion

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8 mars 2023

Flemminité

 

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C'est le jour du marronnier, un bien bel arbre dont le monde s'acharne à détourner les 365 feuilles. En ce 8 mars, faut-il absolument évoquer un sujet rose bonbon, printanier, avec des talons aiguilles de 20 cm, un sac à main customisé et le minois patiné au fond de teint ?

Que nenni !

Aujourd'hui, on va faire l'éloge de la flemminité, un principe de vie élevé au rang d'art, une apologie absolue de la procrastination, et en même temps, un honteux étalage d'horribles préjugés. Si tu es une femme de moins de 50 ans, passe ton chemin, sous peine d'avoir les yeux qui saignent.

Donc, pour en revenir à ce jour de célébration de l'éternel féminin, je voulais exprimer un ras-le-bol solidaire de quelques broutilles, le monologue insupportable que subissent certaines femmes jour après jour, et à qui on fait l'aumône d'une journée libératrice. Chic.

- Y a quoi à bouffer ce soir ?

- Ferme-là, je suis claqué après le boulot.

- Je travaille, moi.

- Fous-moi la paix, je regarde CN...ws.

- Et arrête de causer politique, t'y comprendras jamais rien.

- Fais taire les gosses, ou je réponds plus de rien.

- Quoi, mes chaussettes ?

- Je pisse debout si je veux, je suis pas une fille.

- Sois belle et tais-toi.

- Vire-moi tous ces poils, t'as les jambes qui piquent.

- Enfile ta robe moulante, tu sais, celle que je t'ai achetée pour mon anniversaire.

- Et tes échasses de 12 cm, ça te fait le mollet sexy avec les bas résille.

- Et le string noir en dentelle avec des petits noeuds.

- Et arrête de pleurer, le rimmel qui coule c'est pas excitant.

 

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Une réponse s'impose. Les hommes ne sont pas tous pareils. Pourquoi les femmes le seraient-elles ? Histoire de détendre l'atmosphère bien plombée, je propose quelques aménagements, des entorses à ces carcans ordinaires.

- Ode à la charentaise. Qui ne rêve pas le soir venu de glisser ses pieds meurtris dans un cocon de douceur ouatée ?

- A bas le diktat du soutien-gorge. Quel bonheur de laisser en liberté ces fières poitrines comprimées le jour durant par des armatures métalliques !

- Vive les pantalons à taille élastique et l'expansion des ventres aplatis artificiellement ! Leur généralisation aiderait de nombreuses personnes à soigner leur colopathie fonctionnelle, et ainsi, à générer de sérieuses économies pour la sécurité sociale.

- Mon pyjama pour un empire ! Le pilou pilou, vainqueur du duel avec les balconnets en satin.

- Réciter le mantra du bien-être tous les soirs avant de se coucher (bon, ça existe sans doute, reste à l'écrire sinon).

- Se sourire dans une glace au moins dix fois par jour en se faisant une belle déclaration d'amour.

- Les enfants sont insupportables ? ça arrive, dis-toi que quand ils auront grandi et qu'ils partiront, le silence te fera pleurer. Alors profite. Un conseil: éteins CN...ws de temps en temps.

 

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Je me demanderai toujours pourquoi pour certains, enfermer une femme dans une jolie boîte sans rien qui dépasse (y compris et surtout les poils), c'est tendance. Rien ne peut contenir tout ce qu'elle représente. Une femme, c'est une pieuvre dont les tentacules s'échappent dans tous les sens, perforant sa prison sans ménagement.  Bon, ça donne des trucs un peu comme ça :

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En tant qu'entité féminine, je ne me reconnais pas forcément dans les préjugés habituels : maquillage, robes/jupes/chemisier, chaussures à talon, heures passées dans la salle de bain à faire je ne sais quoi. Peut-être n'est-ce qu'une question de génération. Les jeunes femmes actuelles semblent beaucoup plus libres que celles de mon âge-pas-encore-canonique-mais-ça-va-venir-je-le-sens. Quoique... en cherchant à bien orthographier ce fichu mot avec ses "n" piégeux, je tombe sur son sens et je découvre qu'en fait, je l'ai déjà dépassé depuis un moment déjà... Fichu internet, je ne te remercie pas.

Et vous, quelle femme êtes-vous ? Exprimez votre flemminité en commentaire... 

Illustrations: encore du DIY sur Stable Diffusion...

15 février 2023

La Saint Bidule, tu sais...

Hier, je me suis levée avec la ferme intention de faire une déclaration d'amour. Normal, que je me suis dit. Pourquoi ta nouvelle situation devrait-elle t'exonérer de poser un regard neuf et candide sur le sujet ? 

Restait à trouver à qui ou à quoi je pourrais exprimer le fatras d'émotions contraires qui ne manquait pas de m'animer en ce jour faste. Il faut dire que des Saint Machin, j'en ai vu passer quelques-unes par la fenêtre ouverte de mon coeur. Parfois, même  que ça faisait un courant d'air qui me déposait un délicieux frisson dans les coins. Enfin, au début. Parce que plus tard, le gars de l'isolation thermique extérieure étant passé, j'étais si bien calfeutrée que je ne sentais plus rien.

Du coup, la journée s'est avancée à pas de géant, et le soir m'a vue errer chez le boulanger, puis chez le traiteur, à admirer une demi langouste macédoine à 25 euros et un magnifique gâteau en forme de coeur constellé de jolies framboises un peu hors saison. Et toujours aucune déclaration en vue. Je suis donc rentrée chez moi, ma petite baguette à 1 euros 30 sous le bras, en passant devant chez la fleuriste qui tendait ses bouquets de roses aux amoureux de passage et pas sages.

On ne dirait pas comme ça, mais l'inspiration était en marche. J'ai mis langouste/framboises/gâteau/coeur/St Valentin dans mon shaker, j'en ai sorti un texte que j'ai mis tel quel dans Stable Diffusion (oui, vous allez en manger, de l'IA, c'est bien parti...), d'abord en français, puis dans la langue de Shakespeare. La langue de Molière, ça le laisse de marbre.

Voici le texte, de haute volée littéraire et symbolique ainsi que vous pourrez le constater :

 

Eh, toi, là-bas ! Tu cherches l’Amour, le vrai, celui qui fait fondre les âmes en petits tas fumants ?

Je l’ai croisé pas plus tard que tout à l’heure, dis.

Il bavait au comptoir de la fleuriste, en lorgnant sur la langouste d’à côté.

Tu sais, celle qui enfile sa robe de framboises à paillettes les soirs de St Valentin.

On dirait une collection de petits coeurs saignants arrachés à ses amants.

Ils palpitent si forts qu’ils s’échappent toujours quand tu veux les saisir.

Ne t’étonnes pas de tomber, quand tu glisses sur ce tapis d’amours déchus.

Allez, pleure pas, tu en verras d’autres, des saints Machin, des fêtes d’amour avec un petit a.

Avec un peu de chance, tu réussiras même à en attraper un.

Un petit coeur.

Et à le garder.

Bien au chaud.

Rien que pour toi.

 

Et roulement de tambour... Voilà ce que la machine infernale m'a sorti.

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Je ne sais pas en définitive si j'ai honoré la promesse que je m'étais faite le matin. En tout cas, j'ai passé un excellent moment en compagnie de moi-même. Si c'est pas de l'amour, ça... De l'amour hache, même, si on se réfère à l'histoire du St 14/02 (enfin, un d'entre eux, un persécuté chrétien raccourci du bulbe d'une façon sauvage). Et en creusant un peu plus dans les origines de cette célébration annuelle, on tombe même sur les Lupercales, une tradition religieuse païenne où les hommes parcouraient la ville et fouettaient les femmes sur le ventre avec des lanières de cuir pour les rendre fertiles... Et aussi sur les carnavals amoureux du Moyen-âge, qui avaient lieu en février, et où des hommes déguisés en ours (symbole de force sexuelle) coursaient les femme pour les violer dans leur antre en toute impunité. Et puis après, comme d'habitude, les Américains ont débarqué avec leurs fleurs et tout plein de gentils cadeaux pour mignonnifier tout ça. La source, c'est ici.

Les filles, on revient de loin... On en recause le 8 mars avec d'autres images bien flippantes ?

5 février 2023

Rayures insensées.

Ces derniers temps, subir le chaos nocturne devient une triste habitude. J'ai même parfois l'impression qu'elles se mettent à plusieurs pour me torturer. Ces dames de la nuit complotent en catimini, rivalisant d'audace et d'idées pour me tirer de mon lit. Une d'entre elles, nommée Bouillotte, prend les commandes de mes muscles et me fait danser une fois au-dessus, une fois en-dessous de ma couette. Sa jeune soeur, Chatouillette, m'effleure la peau de ses caresses de plume, et je me tortille dans tous les sens pour apaiser mes tourments cutanés. Mais celle que je redoute le plus, c'est l'aînée, Réveilline, qui a toujours le dernier mot en me crachant au visage des images qui m'empêchent de retrouver le sommeil.

Cette nuit, elle m'a balancé une impro à sa façon, un mélange de viande avariée, de zèbre écorché, de rayures qui pendent, entortillées comme des guirlandes, de pomme granny smith et de flamant rose. Tout psychanalyste passant dans le coin est prié de détourner le regard en sifflotant d'un air dégagé. Du coup, quand à 2 h du matin, tu te retrouves à compiler tout ça dans ton shaker cérébral ramolli, forcément, le marchand de sable s'est déjà fait la malle aux antipodes.

Heureusement, c'est dimanche, chic. J'ai repensé à une conversation récente avec mon fils au sujet des générateurs d'images par IA. Comme je n'avais jamais testé ce mode de création, je me suis précipitée sur mon ordi pour voir si les cauchemars étaient contagieux (un genre d'électrépidémie).

J'ai testé Stable Diffusion et Artbreeder, qui ont l'avantage d'être gratuits. Il y a tout un tas de paramètres à prendre en compte, la lumière, le style, le décor... Bref, vu mon niveau, j'ai transpiré avant de sortir quelque chose de regardable et signifiant.

J'ai commencé par vouloir éplucher un zèbre par les rayures.

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Mais ça ne pendouillait pas comme dans mon rêve.

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Celui-ci pendouillait, mais ça ne faisait pas vraiment viande.

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Là, on a bien du steak, avec un vague air de barbecue d'été. Mais après le petit déj, bof...

J'ai voulu tenter une autre approche, plus digital art.

zebre7zebre5Je les aime bien, ces deux-là.

Ensuite, il fallait que j'introduise le flamant rose...

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... et la pomme verte.

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J'ai finalement passé de bons moments à travestir mon cauchemar comme ça ! Je remercie au passage le bon Salvador pour son involontaire participation, et vous, lecteurs de passage, pour votre légendaire bienveillance !

Avez-vous déjà testé ces outils de (re)création ?

28 janvier 2023

Autroportrait

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J'aime me promener avec les yeux en bandoulière, les jours où il fait doux. Je me laisse surprendre par une couleur, un son, un visage.

Ce jour-là, c'était cette autruche, parfait miroir de mes pensées à cet instant précis.

Mince, que je me suis dit. Elle a tout pour être heureuse, la bestiole. De la cuisse, des plumes si duveteuses qu'on s'en ferait un collier, un cou à faire pâlir d'envie la girafe du coin. Il lui manque apparemment juste un petit truc : un peu d'air. Heureusement, le gars du GPS a pensé à tout. Il lui a collé une jolie cible bien visible pour que les altruistes du monde entier viennent la sauver.

Alors soit le bonhomme était un indécrottable rêveur, un naïf exalté, tout à sa joie de voir enfin la bonté populaire s'exprimer au grand jour; soit c'était un pervers cynique, sachant parfaitement que le meilleur camouflage,  c'est de se tenir bien pépouze au milieu d'une foule, histoire que l'indifférence au malheur d'autrui se vérifie une fois de plus. 

Du coup, j'ai commencé à baliser et à envisager le pire pour le volatile, forcément. Ma vision des choses a vite été celle-ci :


 

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Où l'on remarquera bien sûr mon rare talent pour le détourage sous GIMP, fait à l'arrache-coeur (très vite mais avec une rare conviction).

Je ne saurai jamais si elle avait vraiment une tête sous cette cible. Le graffeur a-t-il d'abord peint un bec avec des gros yeux ? Puis, dépité par leur aspect ridicule, a-t-il décidé de camoufler le tout sous un gros rond gris d'un mouvement rageur du pinceau ?

Heureusement, grâce à ma super vision tridimensionnelle extra-plate, j'ai retrouvé le vestige honteux de l'artiste...


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Un petit sourire tout débonnaire, tellement planqué qu'il en est presque surréaliste, ça se déguste, non ?

Qui sait  ? Il est peut-être contagieux, mais vous ne le saurez pas,  parce que j'ai tout mangé  !


Photos : Med'celine 

20 janvier 2023

La noce-t-algie

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J'adore les mots, je ne l'ai jamais caché. Et là, cette nuit, dans le confort douillet de ma couette si légère qu'on dirait un nuage, ce néologisme m'a sauté au cerveau.

Qu'on ne s'y trompe pas, une attaque de ce genre ne laisse pas indemne. Le néologisme est un animal sauvage et dévastateur, un être sans pitié qui culbute la langue pour lui faire des petits. Dans une démocratie dotée d'une justice équilibrée, il serait condamné à finir ses jours cloîtré entre les quatre murs d'un dictionnaire.

Le mien, il a frappé sans prévenir. Je vous l'ai dit, je dormais. Il a contourné avec habileté le rêve sans doute épique que je cultivais avec amour à cet instant précis, introduisant un facteur d'incertitude qui a généré illico une once d'inquiétude. Forcément, l'héroïne de mes songes a dégringolé des remparts du château où elle caracolait, épée de verre à la main, combattant un monstre lambda. Sa chute n'a duré que le temps d'une ouverture brutale de mes paupières.

Il me tenait, le bougre ! Sans attendre l'évaporation complète des brumes du sommeil, il m'a asséné un dernier coup de coude dans le plexus. Estomaquée, le souffle coupé, j'ai rompu les dernières amarres qui m'attachaient à la nuit.

J'ai senti quelque chose chatouiller ma joue. Une larme puis deux. Pas plus. Je suis une fille pudique.

J'ai compris soudain la nature du trouble qui me paralysait et m'empêchait d'avancer sur cette route vers l'inconnu, seule. Cette émotion terrible et dévastatrice que je repoussais sans cesse sans comprendre. Moi, la femme bravache au verbe haut cultivant l'autodérision plus vite que mon ombre et d'apparence si quelconque, j'ai accueilli en mon sein cette terrible solitude, cette douleur abominable d'être redevenue la moitié d'un tout. D'avoir quitté le cocon d'un couple fusionnel pour me retrouver les bras ballants, à ne plus savoir où aller, quoi faire, qui je suis.

Les mots sont tranchants. Ils coupent sans hésiter les derniers cordons, ceux auxquels on ne pense pas forcément. Avec un peu de chance, leur lame est aiguisée et imprégnée d'une substance hémostatique. Mais parfois, ils prennent leur temps, sadiques bouchers s'acharnant avec leur couteau à beurre jusqu'à ce que morsure suive. Et quand le repas est servi, ils s'éloignent pour aller tyranniser le chaland d'à côté.

Me voilà donc assise dans mon lit, les yeux hagards, à trois heures du matin, à penser à l'oppressante absence de tous ces "je t'aime" futurs murmurés au creux de l'oreille. J'accepte l'assaut de cette noce-t-algie en bronchant peu. A quoi bon ? Tout changement de vie se doit d'être transformé. Bio-transformé, même. Je vais te me mettre tout ça dans une caisse, laisser décanter en arrosant de temps en temps de sérum physiologique maison, et qui sait ? J'aurai peut-être une belle cargaison de compost pour nourrir de nouvelles floraisons. Quant au - t - médian, je le bois, na !

Le futur n’a qu'à bien se tenir !

 

 

Illustration: le saule et le pêcheur, Jean-Marc Moschetti (encre-zen)

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