Au rayon papoterie
Il y en a qui arpentent les magasins en quête de je ne sais quel bonheur matérialiste.
Il y a ceux qui regardent où ils mettent les pieds par peur de dérailler.
Il y a aussi ceux qui râlent contre tout ce qui bouge et parle un peu trop fort.
Et puis il y a ceux qui s'arrêtent un instant au rayon papoterie.
Ils n'y cherchent rien mais y trouvent beaucoup.
C'est un beau rayon plein de lumière, avec des sièges confortables et accueillants.
Il n'y a pas de numéro ou de liste d'attente. On y vient, on s'assoit et c'est tout.
Une règle d'or: se regarder dans les yeux. S'apprivoiser. Se comprendre peut-être. Se taire parfois. Mais écouter, toujours.
Ecouter avec le coeur, avec les oreilles, avec les yeux.
Entendre le bruissement ténu d'une émotion secrète.
Recueillir avec soin une parole égarée évaporée évasive évadée.
Dénouer doucement les liens qui emprisonnent les émotions.
Les regarder s'envoler un peu et revenir enfin. Apaisées. Acceptées. Absolues.
Je l'aime bien , mon rayon papoterie.
Il ne pèse pas bien lourd.
Alors je l'emmène partout.
Quand je m'arrête, je le pose à côté de moi.
J'attends. Pas longtemps.
Il y a toujours quelque part un oiseau de passage qui vient y reposer ses plumes.
Et c'est bien.